2.4 Forme polaire

On dit d’un nombre complexe z écrit sous la forme a+bi, où a,bR, qu’il est sous sa forme rectangulaire. S’il est écrit sous la forme r(cosθ+isinθ) (souvent abrégé par rcis(θ)), où r=|z|, on dit qu’il est sous sa forme polaire. La valeur de θ est appelé l’argument et est dénoté par arg(z).

Notons que r(cos(θ+2kπ)+isin(θ+2kπ)) représente le même nombre complexe pour chaque entier relatif k. Pour garantie l’unicité, il est d’usage de choisir 0θ<2π. (Certaines références utilisent plutôt πθ<π.) Par exemple, la forme polaire de z=2+i est 5cis(2,6779).

En pratique, la conversion de la forme rectangulaire à la forme polaire est souvent faite de façon approximative (même si la précision de l’approximation peut être choisie de manière arbitraire) à moins que les arguments soient des angles dont le sinus et le cosinus peuvent être calculés exactement; comme π6, π4, π3, etc.

2.4.1 De la forme rectangulaire à la forme polaire

Soit z=a+bi un nombre complexe. Sa forme polaire est rcis(θ), où r=|z|=a2+b2 et 0θ<2π.

Considérons d’abord quelques cas spéciaux. Si z=0, alors r=0. Donc, θ peut prendre n’importe quelle valeur. Cependant, nous adoptons la convention que θ=0 dans un tel cas, à moins qu’il en soit indiqué autrement.

Supposons maintenant que a=0. Dans ce cas, le module de z est r=|b| et θ={π2si b>03π2autrement.

Supposons finalement que a0. Soit α=tan1|b||a|. Le tableau suivant indique la valeur de l’argument θ en fonction des signes de a et b :

Cas θ
a>0,b0 α
a<0,b0 πα
a<0,b<0 π+α
a>0,b<0 2πα

Exemple 2.7 Afin de convertir 13+4i sous sa forme polaire, notons que sa partie réelle et sa partie imaginaire sont toutes deux positives. Donc, sa forme polaire est rcis(θ), où r=132+42=285 et θ=tan1413.

Exemple 2.8 Afin de convertir 117i sous sa forme polaire, notons que sa partie réelle et sa partie imaginaire sont toutes deux négatives. Donc, sa forme polaire est rcis(θ), où r=(1)2+(17)2=290 et θ=π+tan1|17||1|=π+tan117.

2.4.2 De la forme polaire à la forme rectangulaire

Soit z=rcis(θ) un nombre complexe, où r0 et 0θ<2π.

Afin de convertir z sous sa forme rectangulaire, rappelons tout d’abord que cis(θ) est une abréviation pour cosθ+isinθ. Donc, z=r(cosθ+isinθ)=(rcosθ)+(rsinθ)i.

Nous avons donc Re(z)=rcosθ et Im(z)=rsinθ.

Exemple 2.9 La forme rectangulaire de 3cis(3π2) est 3cos3π2+3sin3π2i=0+(3)i=3i.

Exemple 2.10 La forme rectangulaire de 2cis(37) est 2cos37+2sin37i1,2863+0,5877i.

2.4.3 Multiplication et division sous forme polaire

La multiplication et la division de nombres complexes sont grandement simplifiés par l’utilisation de la forme polaire.

Soient z=r1cis(θ1) et w=r2cis(θ2) des nombres complexes sous forme polaire. Alors zw=r1r2cis(θ1+θ2), et si r20, zw=r1r2cis(θ1θ2).

Le premier résultat peut se démontre en utilisant la formule du cosinus et du sinus d’une somme d’angles. Pour démontrer le second résultat, on réécrit zw sous la forme z¯w|w|2. Les détails sont laissés en exercice.

Notons que l’inverse de rcis(θ),r>0, est donné par 1rcis(θ)=1rcosθ1rsinθ puisque cosθ=cos(θ) et sin(θ)=sinθ.

Exemple 2.11 Soit z=cis(θ) pour un certain θ. Notons que z2=cis(θ+θ)=cis(2θ). Donc, l’argument est doublé mais le module demeure le même. De la même façons, on constate qu z3=zz2=cis(θ+2θ)=cis(3θ). Qu’en serait-il de z1000?

2.4.4 Formule de Moivre

Théorème 2.1 (Formule de Moivre) Soient k un entier relatif et z un nombre complexe donné sous forme polaire : rcis(θ). Alors zk=rkcis(kθ).

La formule de Moivre simplifie le calcul des puissances d’un nombre complexe en autant que l’on connaisse sa forme polaire. Par exemple, qu’est-ce que z10 si z=1+i?

Il n’y a rien de mal à calculer directement z10, mais on peut simplifier la tâche en utilisant la formule de Moivre. Premièrement, nous devons d’abord convertir z sous sa forme polaire. Notons que r=|z|=2 et arg(z)=tan1(1)=π4. Donc, z=2cis(π4). Alors, z10=210cis(10π4)=32cis(5π2)=32cis(2π+π2)=32cis(π2)=32i.

Dans l’exemple précédent, nous avons utilisé les identités cos(2kπ+θ)=cosθ et sin(2kπ+θ)=sinθ pour tout entier relatif k.

En général, si l’argument se retrouve à l’extérieur de l’intervalle [0,2π), il est commun de réduire la valeur à une valeur à l’intérieur de cet intervalle, comme nous l’avons fait ci-dessus.

Exemple 2.12 Soient z=4cis(π2) et w=2cis(4π3). Alors zw=42cis(π24π3)=2cis(5π6)=2cis(5π6+2π)=2cis(7π6).

Exercices

  1. Convertissez chacun des nombres suivants sous forme rectangulaire, où les parties réelles et imaginaires sont arrondies à quatre décimales après la virgule.

    1. cis(3π2)

    2. 3cis(5π6)

    3. 2,5cis(135)

  2. Convertissez chacun des nombres suivants sous forme polaire. Donnez la valeur exacte de l’argument lorsque possible de la faire. Sinon, arrondissez les parties réels et imaginaires à quatre décimales après la virgule.

    1. 3

    2. 3+4i

    3. 34i

    4. 2+3i

    5. 2i

  3. Calculez (3i)12.

  4. Calculez (1+i)8.

  5. Soient z=r1cis(θ1) et w=r2cis(θ2) deux nombres complexes sous forme polaire. Démontrez que zw=r1r2cis(θ1+θ2), et si r20, que zw=r1r2cis(θ1θ2).

Solutions

    1. i

    2. 1,5+0,8660i

    3. 2,1422+1,2888i

    1. 3cis(0)

    2. 5cis(arctan(43))5cis(0,9273)

    3. 5cis(2πarctan(43))5cis(5,3559)

    4. 7cis(πarctan(32))2,6458cis(2,4279)

    5. 2cis(π2)

  1. 4096

  2. 16

  3. Le résultat est une conséquence des identités suivantes : (cosθ)2+(sinθ)2=1 et cos(θ+γ)=cosθcosγsinθsinγcos(θγ)=cosθcosγ+sinθsinγsin(θ+γ)=sinθcosγ+cosθsinγsin(θγ)=sinθcosγcosθsinγ.